Le bruit des mots

De Patricia Romanet-Faucon

Années 60, dans un petit village du fin fond de l'Italie. Là, vit une famille composée du père (Useppe) attaché aux valeurs familiales, la mère (Mamina) pilier réconfortant de la maisonnée, leur fille aîné (Anita) expansive et sensuelle mariée à un fainéant épris du ballon rond (Renato), et leur plus jeune fille (Mathilda) étrangement silencieuse.

Tout vit, tout bouge dans un contexte volubile où tranche le comportement replié de la jeune Mathilda.

L'explication viendra dans le bruit des mots et l'interprétation que l'on en fait...

Voilà des années que le sujet me titille ; par quel tour de passe-passe le sens d'un mot peut être déformé au point de vouloir dire son contraire dans l'esprit de celui qui le reçoit ? Qu'est-ce qui produit l'incompréhension entre deux personnes qui se parlent, même si la clarté de leur langage ne laisse place à aucun doute ? Quelles sont les conséquences d'un propos mal interprété ? Pourquoi la cage de verre nous colle tant à la peau ?

Il me semble impossible de vivre sans expression. Impossible de ne pas partager la pensée, les idées, le regard traduit en mots. Impossible de ne pas échanger. Mais alors, comment éviter les malentendus ?

J'avais commencé à écrire cette pièce il y a quelques années, avant de bifurquer sur d'autres sujets tout en mettant celui-ci soigneusement celui-ci de côté. Il sort cette année, confrontant le caractère volubile de cette famille italienne au chaos provoqué par les mots.

Les répétitions furent ardues. Il fallait arriver à maîtriser le volume des voix, un jeu d'écoute et de paroles en conformité avec le thème même de la pièce. Il fallait aussi passer sans transition du monde extérieur au monde intérieur, d'une date à l'autre, dans la cohérence et l'authenticité. Pari gagné. Les comédiens se sont rapidement entichés de cette oeuvre scénique. Ils ont trouvé leur personnage et l'exploitent avec habileté, rendant un remarquable travail où l'émotion est reine.

Des photos suivront dans quelques jours.